Avec sa grande amie Läurelin Fourcade, actuelle joueuse de l’équipe de France à VII, Anaïs Lagougine s’apprête à rejoindre les équipes de Terres en Mêlées Togo pour une semaine intense au coeur des activités de l’association à Lomé. La multiple championne de France, ex internationale à XV et à VII s’est prêtée aux jeux des questions-réponses et nous livre son regard éclairé sur le rugby au féminin.
TEM : Avec Läurelin, vous avez décidé de partir à l’aventure au côté des équipes de Terres en Mêlées Togo. Du coup, pour toi, qu’est que c’est Terres en Mêlées ?
Anaïs : La première image que j’en ai, c’est l’idée d’une association qui souhaite utiliser le rugby comme un outil d’éducation, de transmission et de solidarité dans le monde. Une association qui prône le partage, l’échange et l’avancée sur des thèmes forts tels que l’émancipation de la femme et l’égalité des genres, entre autre.
TEM : Qu’est ce qui vous a particulièrement touché dans démarche de nos équipes togolaises ?
Anaïs : Je rêve d’une pratique universelle du rugby et je fais partie de ceux qui sont convaincus que les femmes ont tout à fait leur place dans ce sport. Quel beau challenge qu’utiliser un sport dit viril et masculin pour permettre l’émancipation de la femme. L’une des raisons de ce choix, la mission liée à l’émancipation de la femme, me touche particulièrement.
TEM : À titre personnel, qu’attends-tu d’un tel voyage ?
Anaïs : C’est aussi l’opportunité de découvrir un pays, une culture et une approche différente de la vie en général. La vie est, à mes yeux, faite pour être partagée, ce voyage est l’occasion d’un véritable échange.
TEM : La question de l’égalité des genres est l’un des leitmotivs de l’action de Terres en Mêlées. Durant ton voyage au Togo, on va donc beaucoup parlé de rugby au service des jeunes filles. Aujourd’hui, quel constat fais-tu du rugby féminin ?
Anaïs : Aujourd’hui, en France, le rugby féminin à le vent en poupe. Le nombre de licenciées ne cesse de croitre d’année en année, en partie grâce aux excellents résultats de nos équipes de France à XV et à 7. Les médias s’y intéressent, relaient et invitent les joueuses à s’exprimer et ça, ça change tout. J’ai connu un rugby qui n’acceptait pas que la femme puisse tenir un ballon entre ses mains, aujourd’hui elles sont en mesure de pratiquer ce sport sans être jugée.
TEM : En France, à ton avis, quel obstacle subsiste à la pratique féminine ?
Anaïs : Difficile à dire aujourd’hui. Les clubs sont présents en nombre et accueillent plus facilement les jeunes filles dans les écoles de rugby. Je dirais que c’est plutôt l’image d’un sport dit de contact qui pourraient freiner les parents aussi bien pour leur petit garçon que pour leur petite fille.
TEM : On dit souvent “le rugby, c’est l’école de la vie”. À votre avis, qu’est ce que le rugby peut apporter dans la vie d’une femme ? À titre personne, quel(s) enseignements en avez-vous tirer ?
Anaïs : Une véritable force de caractère et un grand bol de confiance. C’est un sport rude qui nous pousse à nous dépasser, pour soi mais surtout pour les autres. Et le fait de pouvoir apporter sa contribution par une quelconque qualité (sa taille, sa vitesse, son agilité…) et d’être à la fois soutenue par ses coéquipières, permet de s’affirmer et de prendre une véritable place sur le terrain. Et inconsciemment tout ça nous donne confiance dans la vie de tous les jours. C’est grâce au rugby et à ses valeurs-là que j’ai pu devenir une femme affirmée
TEM : Si vous rencontrez un parent réticent à inscrire sa fille dans une école de rugby , que lui diriez-vous pour le convaincre ?
Anaïs : Qu’elle va apprendre 1001 choses sur elle et sur les autres. Elle va apprendre le vivre ensemble, l’importance de l’autre et le dépassement de soi. Mais surtout qu’elle va prendre du plaisir, s’amuser, se dépenser tout en pratiquant un rugby adapté en fonction de son âge.
TEM : Pensez-vous qu’aujourd’hui, le rugby encourage l’égalité des genre ?
Anaïs : Oui, en tout cas, il en prend le chemin même si sur ce sujet il y a encore beaucoup de travail. C’est un véritable sujet d’actualité. Aujourd’hui, les filles peuvent pratiquer ce sport mais pas forcément dans les mêmes conditions et ce, quelque soit le niveau, en tout cas en France.
TEM : Enfin si vous avez un petit mot à dire à toutes les jeunes rugby(wo)men de la planète ?
Anaïs : Si tu as déjà choisi ce sport c’est que tu es prête à vivre des choses incroyables et une aventure humaine indescriptible. Tu es prête à devenir une femme particulière et unique, parce que le sport que tu pratiques n’est pas commun. Le rugby va t’apporter autant que tu lui apporteras. Faisons en sortes tous ensemble que les filles ne viennent plus au rugby par hasard, mais que cela devienne une réelle conviction !